2016 sera l'année ou j'ai fait les choses à l'envers ! :-)

Début d'entraînement au mois août alors que c'est la pleine saison de Trail, et la première compétition à laquelle je participe se trouve être l'objectif majeur de cette année ! 

Un ultra de 112 Km dans les Pyrénées.
2016 est aussi l'année ou je me serais le moins préparé avant de mettre un dossard.

Me voilà donc en route pour le Trail de la Grande Traversée avec 2 petits mois de préparation suivie de 3 semaines d'arrêt sur blessure aux ischios gauches.

Si ça c'est pas de l'optimisme ! :-))

Alors au menu, une traversée entre Vernet les Bains et Argeles sur mer, 112 Km, 5500 M de D+ et 6200 M de D- en passant pas loin du Pic du Canigou. Concept original de la montagne à la mer.


Après un trajet vers Vernet en navette, nous arrivons 6 heures avant le départ dans le petit gymnase de la commune. Nous sommes moins de 200, l'ambiance est super conviviale et chacun termine la préparation des différents sacs qui seront acheminés vers les 2 bases vie du parcours et à l'arrivée.
Le temps de discuter et de casser la croûte, vient l'heure du briefing. Avec une nuit complète à courir en montagne, l'organisation n'a rien laissée au hasard et les consignes sont claires.



17h00... H -30 minutes. Tout le monde rejoint la ligne de départ dans le centre de ce superbe village de pierre.
Nous voyons passer les premiers de l'autre ultra organisé ce WE, les 100 Miles du Sud de la France. Ils empruntent le même tracé que nous mais ont déjà 50 Km dans le jambes quand ils passent à notre niveau. 

Nous sommes tous plus ou moins impatients de rejoindre la montagne et la nuit, avec pour moi un gros inconnu sur la guérison de ma blessure et l'état de mon genou gauche qui m'avait obligé, par le passé, a abandonner 2 fois sur l'UTMB. 
(Pendant le traitement de ma blessure, j'ai fait la connaissance d'un trailer de Béziers, Sébastien, qui est kiné là où je me faisais soigné. L'émotion est la même pour nous deux, même si lui a connu un départ de légende l'an dernier sur la Diagonal des Fous à la Réunion. J'en ais d'ailleurs profité pour lui faire poser les bandes de kinésiologie qui soulageront mes ischios, adducteurs et mon genou, le tout sur la même jambe !)

17h30, l'heure de vérité, teinté d’exaltation et de craintes que mes ischios me lâchent. 


La traversée du village sous les encouragements me font un bien fou. 10 mois sans compétitions, c'est trop long ! Et là en plus pour un trail de plus de 100 Km ! Trop bon, j'en profite un max.

Le départ est rapide comme toujours, l'allure est surement un peu faussée par les relais qui n'ont qu'un tiers de la distance à faire. Je laisse filer Sebastien qui a de bien meilleures jambes...
Les miennes de jambes sont là, le plaisir aussi et tant mieux nous partons par une montée de 1500 M de D+ qui nous amènera dans la nuit.

Arrivée au premier ravito, refuge des Cortalets au bout 9.7 Km et 2H20 de course.
A 2150 M d'altitude c'est le refuge sur la voie du Pic du Canigou.
La noirceur est là, la fraîcheur aussi. Certains enfilent des couches alors que je profite de cette sensation tant espérée pendant ce long été en restant en manches courtes. La frontale est allumée (il est d'ailleurs tant que je pense à la changer, elle a 11 ans !), la soupe et les fruits secs sont les bienvenues et déjà je repars impatient de passer la nuit sur les sentiers. 

Ravitaillement au Refuge des Cortalets

Rapidement, un train se créé, nous sommes 7 ou 8 à courir à la même allure, et là je retrouve ce plaisir unique de courir la nuit. Des sensations disparaissent, d'autres se renforcent. Voilà une des raisons pour lesquelles j'aime les longues distances...

La nuit... Moments
privilégiés


On ne voit pas grand chose mais l'ambiance est là

Après les 1500 M de dénivelé, nous alignons 25 Km de descente, peu technique, le terrain montagnard m'est familier. Je passe de longs moments seul, ma frontale, mon souffle et moi sommes bien. Aucun soucis physique, je surveille mon alimentation et mon hydratation et je teste sur cette course des compléments très riches en Magnésium et vitamine B6, essentiels pour éviter les crampes. 

Km 36 et 6H50 de courses, minuit passé. Première base vie à Arles sur Tech. Je récupère le sac que j'avais préparé avant le départ. Je fais le plein en gels énergétiques, en eau et après un bol de soupe chaude et moins de 10 minutes d'arrêt je repars. Je préfère ne pas trop m'éterniser et éviter ainsi de préférer la chaleur du gymnase à la fraîcheur de l’extérieur.

Même à 1H00 du matin, les bénévoles sont là pour nous donner nos sacs.
Un grand MERCI à eux !

Retour à la nuit, il reste près de 80 Km.
Suivra une montée de 700 M de D+, je prendrais le rythme à ma main et un train se formera derrière moi, personne ne voulant passer devant. Les jambes sont là, nous avalons cette bosse en tout juste 1 heure. Beau rythme compte tenue de ce qu'il reste à faire. 
Dans la descente, le terrain commence à changer, au revoir la montagne que je connais, bonjour la caillasse typique des massifs du sud. Les premiers prémisses de mon manque d'entraînement se pointent. Jambes dures et craintes d'envoyer plus et de me blesser. 
Je laisse filer tout le monde avant d'être rejoins par 3 bitérois avec qui je ferai plus de 15 Km et en particulier la bosse suivante de 900 M de D+. Un mur dans les bois et quelques répits pour 10 Km d'ascension.
Petite pause d'une minute auprès du feu de camp des gars du PGHM au sommet, il est 5h00 du matin, mes compagnons de course sont frigorifiés. 
La descente en plaques de béton entamera un peu plus les jambes et je laisse mon petit groupe à un ravitaillement au Km 63 après presque 13H de course, les pieds du plus jeune sont en sale état, je ne les reverrai plus.

J'entamerai ici les 30 Km les plus chiants du parcours. terminé les belles traces et sentiers étroits, ce sera de larges pistes sans intérêts et sans fin.

L'aube se lève et cette piste n'en finis pas. 
J'entends bien avant de la voir, l'autoroute qui passe au col du Perthus avec son flot de PL allant ou revenant d'Espagne.
Je passe au pied du fort de Bellegarde chargé de protéger la frontière au XVII ième siècle, nous sommes à moins de 400 M de l'Espagne.
Descente sur le village du Perthus, sous un viaduc d'autoroute pour la seconde base vie. Je cours depuis 15H30 et 75 Km.
Je change totalement de vêtements et ça fait du bien. Je prend le temps de manger et de faire le plein à nouveau de gels énergétiques, je n'ai aucun soucis physique et la motivation est à bloc à moins de 40 Km de l'arrivée.... Il reste à peine un marathon :-)


Passage au fort de Bellegarde

Je suis seul depuis 3H et c'est quelques temps après avoir passé la dernière montée sérieuse de ce trail que j'aurai un premier coup de moins bien. Pendant presque 2H, nous serons sur une large piste, ennuyeuse à mourir, ou on ne sait pas s'il faut courir ou marcher. Les jambes sont de plus en plus dures et la moindre petite descente devient compliquée. Là, je comprend que mes 3 semaines de coupures m'handicapent. Mais je ne suis pas blessé alors on avance !

La descente du Km 97 !
Elle, elle fera vraiment mal !
La descente la plus technique que j'ai fait depuis bien longtemps. Des roches, des marches, un tas de cailloux ou les jambes ne veulent plus se plier et ou je descend tel un impotent totalement en appuis sur les bâtons.
1H00 pour faire 5 Km de descente ! Champion du monde classe escargot !

Mais j'arrive au bout avant d'entamer les 300 derniers M de D+ et de voir vraiment l'arrivée de proche !

Il reste 8 Km, j'ai rejoins un comparse et nous nous auto-motiverons pour ne pas trop marcher sur les 4 derniers Km en goudron avant de rejoindre le bord de plage.

Instants de gloire ou les promeneurs nous salent, nous encouragent et où enfin je peux me dire que le corps à tenu. 

Les 112 Km en 23H08, je termine 36 ième sur 179 partants et 125 finishers.

Satisfait vue ma préparation, heureux que mon genou et mes ischios aient tenu, j'ai terminé sans avoir eu une seule crampe, seulement quelques ampoules. Merci à Seb, les bandes ont tenu et surement fait du bien. 
En passant, il a terminé 8 ième en 20H13, ça calme ! :-)

Je suis fin prêt pour plus long l'année prochaine !!! (mais ce n'est pas ce que je me suis dit une fois la ligne d'arrivée passée ;-)  )

Organisation sans faille, il était impossible de se perdre vue le balisage parfait (même si deux endroits ont clairement été débalisé). Le parcours est beau mais les 30 Km de pistes n'apportent rien, dommage... Les organisateurs ont surement une bonne raison de nous faire passer là, mais voilà, ça casse un peu le plaisir. Le concept de la montagne à la mer est lui génial !!!








Météo de Béziers (34)

Météo de Chamonix (74)