2017 a déjà bien commencé avec mes premiers trails réalisés cet hiver autour de Narbonne et Béziers.

Début juin avait rendez-vous avec mon premier gros défi de l’année présentée dans une p’tite vidéo.

Dans l’univers trail, et plus particulièrement ultra-trail, il y a des courses dont les noms raisonnent comme des légendes. La plus célèbre d’entre elles est bien sur l’UTMB, et puis l’on parle aussi de la Diagonal des fous, de l’UT4M, la Montag’Hard, l’Echappée Belle et …. La 6666 Occitane.

6666 pour le dénivelé, Occitane parce qu’elle se déroule sur les terres du sud, plus précisément à quelques kilomètres au nord de mon chez moi, Béziers. C’est aussi une course sur les terres d’un des plus célèbres ultra-trailer français, Antoine Guillon, l’homme aux 15 participations à la Diagonale des Fous à la Réunion (2 ième en 2017).

En fait, il en est l’organisateur.

Les coureurs qui connaissent ces deux courses leur trouvent d’ailleurs plein de similitudes. Sur le terrain d’abord, caillouteux et cassant, et sur la difficulté, même sur une distance de « seulement » 119 km comparé au 164 Km de la Diago.
La 6666 a sa p’tite réputation.

Donc, au programme, 6666 m de D+ sur 119 Km dans le massif du Haut-Languedoc sous les premières chaleurs du sud.

C’est à 5h00 du matin que je retrouve mes camarades de galère dans le magnifique village de Roquebrun pour un départ à 6h00.

L’organisation est conviviale, Antoine Guillon est là, guide les coureurs pendant que je donne mon sac qui rejoindra la base vie de Mons.
Petit stress à 10 min du départ, impossible de verrouiller l’un de mes bâtons. Me voilà avec un bâton 3 brins qui va se désarticuler X fois durant la course avant qu’un séjour dans l’eau me permette de le bloquer.

6h00, après avoir salué la délégation de la Réunion présente sur la course, le départ est donné en musique.



Premiers Km en montée sur le bitume puis des pistes forestières. Et alors que le soleil se lève, le temps collant laisse échapper les premières gouttes de sueur, pendant que je me fais doubler par des cabris réunionnais et… un gars en claquette à velcro ! Je le retrouverai au KM 60, les pieds en sang mais toujours en course. 
Je reste septique tant qu’à la démarche mais si le règlement de course le permet, pourquoi pas.

Passage à Cabrerolles, puis pas loin du sommet de la Coquillade, sur des sentiers que je connais par cœur, c’est l’un de mes terrains de jeux à l’entrainement. En quittant Lamalou au Km 25 tous les voyants sont au vert, nous entrons dans le Haut-Languedoc. 

Km 30, je commence à discuter avec un coureur, nous échangeons quelques mots. Thomas, pompier en région parisienne fait son premier ultra et rêve de faire la CCC à Chamonix. L’ayant fait en 2012, nous voyageons 
autour du Mt-blanc en discutant , ça fait du bien. L’entente est là, nous sommes partis pour de longues heures ensemble.

En arrivant sur le plateau la moiteur est toujours là, et des orages sont annoncés.

C’est ma première course avec mes nouvelles chaussures Hoka Mafate Speed 2. Cet investissement, sur les conseils de la super équipe de Running Conseils de Béziers, est un choix pour épargner mes genoux sur un terrain très cassant, composé quasi exclusivement de chemins caillouteux. Leur confort est redoutable mais les pierres sont sans pitié, la seule douleur qui ne me lâchera pas dès le KM 40 et la descente sur Colombier sur Orb.

De nouveau sur des terrains connus. Km 45, nous entamons la première montée sur mon Caroux chéri par la gorge de Colombières, toujours aussi magnifique.



La suite est moins compliquée jusqu’au Km 73.  De longue section dans le massif de l’Espinousse, à la limite du département. Le terrain est sauvage, sec et typique de ces massifs du sud. 
Un orage violent 1h avant d’arriver au ravitaillement de Andabre, km 60, va changer l’ambiance dans une descente en terre… 




Premier coup de mou pour moi et mes pieds qui me font mal. Nous devions faire une halte de 10 min, Thomas et moi repartons au bout de 45 min, toujours sous la pluie.


Retour sur les contre fort du Caroux, passage à Douch, Km 71, avant de monter au sommet de ce massif. Les orages ayant rendu la descente de l’Esquino d’aze dangereuse, l’organisation a changé le tracé pour une descente moins piégeuse mais 100% cailloux tout de même.

La nuit commence a tombé lorsque nous entamons la dernière montée sur le Caroux, suivie d’une descente que je connais sur le bout des doigts, par le sentier des gardes. Des marches en pierres, des cailloux, des marches en pierres…

23h00 à la montre et 17h00 de course en arrivant à la base vie du Km 85, Mons.
Bonheur de manger 2 bols de soupe chaude, de mettre un cuissard et un tee-shirt propre, de masser des pieds en sale état et de faire le plein de gels et barres énergétiques. Thomas retrouve sa compagne, j’envoie mes derniers SMS de la nuit, le mental est au top.

Il reste la nuit à traverser pour les 40 derniers Km qui commence par une loooongue ligne droite sur une piste cyclable. Décision est prise de courir tout le long parce que les montées à venir ont toutes les chances de nous faire perdre du temps.

J’avais vu juste en regardant la carte et les courbes de niveau avant le départ… C’est un mur !
Thomas « tape dans le dur », il colle à mes semelles, mais je ne suis pas fier non plus, c’est raide, les cailloux glissent sous nos pieds. Le moral en prend un coup et la descente super raide qui suit derrière finira de fracasser mes pieds, je finirai par les oublier.

Nous traversons Vieussan, un village endormi au Km 96 pour attaquer un autre mur, fait d’épineux, de marches, de pièges qui va faire mal aux jambes. Après 30 min de montée, nous trouvons un coureur endormi au bord du chemin, c’est un ami de Thomas. Nous le réveillons pour faire la route ensemble. Cette montée n’en finit plus, se poursuit sur une longue piste. L’ami de Thomas craque et s’arrête pour dormir. Il nous doublera à 5 Km de l’arrivée, bien reposé à priori.

Nous rêvons du prochain ravito avant de voir tous les deux, au bout d’une ligne droite, dans un virage, une maison et deux jeunes filles en blanc, le ravitaillement est là ! …. Nous avançons …. Trop content parce que très fatigués, il est presque 5h00, l’aube pointe son nez …. Nous avançons …. Et puis …. La maison, le virage et les personnages disparaissent. Nous avons eu la même hallucination en même temps ! Incroyable. Ça nous fait bien rire mais du coup pas de ravito est donc pas de pause.


Les Km s’enchainent, la fatigue est vraiment là et les cailloux me sortent par les yeux. C'est mon second coup de mou, je ne quitte pas l'ombre de Thomas, sans lui j'aurai perdu du temps sur ces quelques Km.
Une fois le dernier sommet au Puech des Barres passé, nous trouvons enfin ce ravitaillement, il nous reste 12 Km.

Ce seront sans doute les plus rapides de la course, Thomas et moi donnons le rythme en courant à tour de rôle devant jusqu’à l’arrivée à Roquebrun !!

Nous terminons la 6666 après près de 90 Km ensemble, ça ne m’était jamais arrivé de courir aussi longtemps à 2 et ça était génial, j’ai vécu une super course grâce à toi merci !

Au bout du bout, en 26h06, 111 ième sur 208 finishers, déçu par ce classement mais fatigué, très fatigué et des pieds…. Bou, pas beaux, donc aucun regrets !

Pour moi, les cailloux du Caroux, c’est terminé pour quelques temps.

Et maintenant ? Direction le GRP. Mais à l’heure où j’écris enfin ce récit, le résultat de ce second ultra est déjà connu.


Météo de Béziers (34)

Météo de Chamonix (74)